DE HENRI III. [i588]                         35^
du maréchal de Rets, fut marié avec la troisiéme fille de madame de Longueville. On disoit que ledit maré­chal, qui trente ans auparavant n'avoit pas cent livres de rente, en avoit donné cent mil à son iils. La nopec fut faite en la maison de la Reine mere, aux Bons Hommes de Nigeon lez Paris.
Le jeudy 3 mars, un jeune garçon normand, âgé de dix-neuf à vingt ans, ayant été surpris coupant à l'ente du parquet de l'audience la montre d'horloge d'un gentilhomme, qu'il portoit à son col, fut sur l'heure condamné à être pendu ; et il le fut sur le champ en la cour du Palais. '
Le vendredy 4 de ce mois, le corps du duc de Joyeuse fut apporté à Paris, et mis à Saint-Jacqucs-de-Hault-Pas. Le Roy lui fit faire des honneurs funebres quasi aussi pompeux que ceux qu'il avoit fait au duc d'Alen­çon. Quand un mary a perdu ce qu'il vouloit perdre, il fait faire im beau service.
Le samedy 5, Henry de Bourbon,. prince de Condé, mourut à Sai nt - Jean - d'Angély, le second jour de sa maladie, ayant été, selon le bruit commun, empoisonné par un page, à la sollicitation de madame de La Tri­mouille sa femme, qui fut constituée prisonniere.
Le page se sauva, et fut défait en effigie ; et Bril­laud (0, domestique du prince, tiré à quatre chevaux en la place publique de Saint-Jean d'Angély, et plu­sieurs autres emprisonnés, ausquels on commença de faire le proces. Ce prince étoit homme de bien en sa religion, et avoit un cœur royal. Le cardinal de Bour­bon son oncle cn ayant appris les nouvelles, vint trouver
(0 Brillaud : Jean-Ancelin Brillaud. U aroit été procureur au parle­ment de Bordeaux, et étoit controleur de la maison du prince.
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